LIMINAL SPACES - artconnexion

La cuisine, en tant qu'espace domestique communautaire, est généralement perçue comme un lieu d'échanges sociaux, évoquant une atmosphère conviviale propice à la sérénité. Cependant, il est intéressant d'explorer la cuisine à travers le prisme des "liminal spaces", un concept dépourvu de définitions types mais associé à des attributs spécifiques.

Les "liminal spaces" représentent un état de transition suscitant souvent l'insécurité et la peur. Ils désignent un seuil, décrivant le passage d'un espace à un autre. Ces lieux, habituellement familiers dans la vie quotidienne, acquièrent de nouvelles significations par le déplacement de contextes spatio-temporels.

Le contraste entre la perception traditionnelle de la cuisine comme un sanctuaire convivial et les attributs des "liminal spaces" devient évident. Les caractéristiques de ces espaces incluent l'absence apparente de présence humaine, la simulation d'une routine quotidienne, la fonction de transition entre deux états, et une atmosphère étrange exposant à une certaine forme d'altérité

En explorant la cuisine sous cet angle, on peut envisager un scénario où une personne doit quitter son territoire de communauté, la cuisine, pour s'aventurer dans un espace potentiellement dangereux et étrange. Ce passage du quotidien sécurisé à une zone liminale souligne la dynamique complexe entre les espaces familiers et les états de transition.

Parallèlement, les photographies de Jorge Daniel Junco, présentées illustrent l'œuvre intitulée "Memories of a Big House with me inside" de l'artiste. Cette série de six photos tire son origine de vidéos d'archives datant du 29 janvier 2022, exposant différentes perspectives de la maison de l'artiste. Ces pièces, naturellement modestes, ont été agrandies grâce à l'intelligence artificielle pour donner une illusion d'espace. Ce travail élaboré à partir d'images d'archives capture une mémoire visuelle des moments quotidiens que notre esprit a tendance à oublier, ajoutant une dimension supplémentaire à la réflexion sur la transition entre le familier et l'étrange dans l'exploration des espaces liminaux.

Une autre dimension de cette exploration des "liminal spaces" se manifeste à travers l'installation visuelle et sonore de Daniel J. Junco. Cette œuvre ingénieuse plonge dans le chapitre 55 du roman "Rayuela" de l'auteur argentin Julio Cortázar, également connu sous le titre de "Marelle" en français. Ce roman offre la particularité de pouvoir être lu linéairement, en entier ou en désordre, selon les règles que l'on souhaite appliquer. Junco, dans son installation intitulée, recompose le chapitre 55 à travers ses interlignes, créant une illusion d'optique presque illisible, tout en étant perceptible, en accord avec la théorie de Gestalt. Ce chapitre liminaire, absent de l'ordre de lecture proposé par l'auteur, sert à décrire l'état de demi-sommeil ou semi-veille d'un des personnages, Traveler, ajoutant une couche intrigante à l'exploration des espaces liminaux.

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