FLUX

Installation audiovisuelle, projection vidéo mapping sur ordinateur, portable et photographie Polaroid.

( 13’)

Avons nous seulement conscience d’une infime partie des archives que nous créons chaque jour, en continu ? Chaque image, chaque message, chaque enregistrement constitue une partie des informations que nous collectons pour nous même, et que nous enfermons dans notre propre univers numérique. Il est vrai que nous sommes heureux de les regarder, de les montrer, de les modifier. Jusqu’à l’overdose.

Flux est une installation de Jorge Daniel Junco qui interroge l’importance et la quantité d’archives que produit l’Homme. Cette installation mapping se com- pose d’un projecteur, d’un ordinateur, d’un téléphone, ainsi que d’une photographie polaroïd. L’installation prend vie par la projection d’archives personnelles de Jorge Daniel, issues de son projet de captation d’in- stants du quotidien LifestreamDay. Les archives qui en sont extraites représentent des photos, des vidéos, des podcasts, des enregistrements, des musiques, ... extraites de son intimité et issues pour la plupart de screen recordings.

Si l’installation semble commencer par une vidéo de youtube dédiée à la relaxation, cette torpeur est rapi- dement interrompue par une notification de son amoureux. Cette notification, véritable élément déclencheur, est le seul élément fictionnel de cette installation. La machine semble alors prendre vie : bougeant sans aucune aide, répondant aux messag- es, elle devient à elle seule une forme d’archive et manipule les documents dans une effervescence contrôlée. Elle répond aux messages, écoute de la musique et plonge dans l’immensité des archives de la vie personnelle de l’artiste. Mais le flux d’archives est trop important, et la machine s’emballe. Emportés par ce fleuve impétueux d’informations, elle est obligée d’accéder à de nombreuses sources en même temps. Elle se sature d’informations, en même temps qu’elle sature le visiteur, qui se doit alors de choisir : s’intéresser à un réceptacle d’informations, ou à l'œuvre en sa globalité, tandis que des éléments vivants (stories instagram) incitent le regard à s’ex- traire du centre de l’installation.

L’installation expose ici une intimité rarement ouverte au regard d’un public, une intimité pourtant peu com- préhensible pour de tierces personnes. Elle y montre les différents usages de la photographie et de la vidéo, du polaroid matérielle à la digitalisation, et offre une vision spécifique de la notion d’“archives”. En effet, au sein de l’installation, le mot archive prend le sens d’une donnée créée volontairement ou invo- lontairement, qui serait constituée de toute trace ou message que l’on conserve, bien que le fait de sélec- tionner ce que l’on veut conserver, ou pas, donne plus d’importance à certaines archives que d’autres. Ces archives, témoins du passé, exposées à la vue de tous, incitent à la curiosité, voire au voyeurisme.

L’ordinateur déroulent ces archives, qui saturent visuellement l’installation, dans une sereine cacoph- onie, et fait prendre conscience de l’accumulation excessive des archives. Le chemin est pourtant grand ouvert vers la consultation de ces archives personnelles, mais nous nous perdons dans leur immensité.

Est ce pour cela que nous préférons juste les stocker sans jamais les visionner à nouveau ?